Le « projet Iliade » est né de plusieurs rencontres. La première est celle d’un artiste contemporain, Jean Percet, avec la traduction de l’Iliade publiée par Philippe Brunet en 2010. Le peintre-illustrateur, ébloui par l’épopée d’Homère et sa nouvelle traduction en hexamètres, s’en imprègne, recopie le texte, vers par vers, le scande dans son atelier et décide d’en faire ce qu’il appelle un « poème graphique » c’est-à-dire une œuvre ayant l’ambition d’exprimer graphiquement, voire musicalement, ce qu’Homère exprimait avec des mots. Texte d’Homère d’ailleurs utilisé comme élément à part entière des tableaux. Ce « poème graphique » est composé de 119 tableaux qui narrent avec la sensibilité de l’artiste les épisodes qui l’ont le plus touché, constituant dans leur ensemble le corps de l’œuvre et d’une exposition. Comme le dit Jean Percet lui-même dans un entretien accordé à la Délégation académique au numérique éducatif (Dane) de Versailles : « J’exécute la partition d’Homère. »
La deuxième rencontre est celle de l’artiste avec l’Éducation nationale. Jean Percet a voulu ouvrir son œuvre aux enseignants et aux élèves et a proposé à la ministre Najat Vallaud-Belkacem d’offrir les droits d’utilisation de ses tableaux pour un usage pédagogique. Le recteur de l’académie de Versailles s’est vu confier cette mission et a chargé Pascal Cotentin, délégué académique au numérique, de la création d’un site pédagogique pour que le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves puisse accéder à cette œuvre et à ses contenus, et, partant, au texte d’Homère. De la maternelle au lycée, des exemples d’utilisations pédagogiques créées en particulier pour un usage en vidéoprojection interactive ou sur tablette et smartphone, accompagnent les œuvres. Ces séquences intègrent la mise en interactivité d’images avec XIA, générateur d’images interactives pour le web, libre et gratuitement téléchargeable, développé par la Dane de Versailles.
Les exemples d’utilisation pédagogique proposés dans le site le sont essentiellement sous la forme de séquences et couvrent tous les cycles de l’école et du collège ainsi que la classe de 2de. Ces exemples peuvent répondre aux besoins des enseignants en interdisciplinarité.
École primaire : Les séquences présentées pour l’école primaire, du cycle 1 au cycle 3, trouvent dans l’œuvre de Jean Percet une porte d’entrée sur le monde qui nous entoure. Si le texte homérique n’est pas accessible à la compréhension d’élèves de maternelle et d’élémentaire, les illustrations, quant à elles, permettent d’aiguiser le regard, développer le sens critique et la créativité, mais aussi d’exprimer ses observations et son opinion. C’est pourquoi, quatre des cinq séquences débutent par une observation d’illustrations (complète ou partielle) sélectionnées parmi les 119 tableaux de la galerie. La cinquième séquence sur le clair-obscur suit une démarche inverse en partant de l’expérimentation pour finir par l’observation. En outre, ces séquences sont autant d’occasions d’évoquer les dieux et les héros de façon adaptée aux enfants.
Cycle 3- école-collège : la séance en histoire-géographie sur « Les Jeux Olympiques dans la Grèce antique : histoire et représentations » s’adresse à la fin du cycle 3 (CM2-6e) et permet un travail interdisciplinaire avec les arts plastiques.
Collège : la séquence sur la mythologie grecque, destinée à un public de 6e voire à un public plus large de collégiens, a pour objectif de leur faire découvrir la mythologie antique au travers des textes homériques et des illustrations de Jean Percet. Elle combine en interdisciplinarité des approches littéraire et plastique et aboutit à la production d’un livre numérique qui pourra être mis en ligne sur l’ENT de l’établissement.
Lycée : la séquence de 2de prend pour point de départ l’étude de la tragédie de Racine Andromaque, pour aboutir à une double exploration de ses sources homériques et des prolongements iconographiques antiques et modernes de l’épopée. Elle permet aux lycéens d’acquérir des savoirs fondamentaux, ainsi que de nourrir leur créativité en bouclant la séquence par une écriture d’invention.
Les épopées d’Homère sont, aujourd’hui encore, l’un des fondements de notre culture. On n’y apprend certes plus à lire comme le faisaient les enfants grecs de l’antiquité. Mais notre langue et nos représentations demeurent imprégnées par ces textes. Les héros qui nourrissent notre imaginaire ont été inventés par Homère. D’Achille à James Bond, ils présentent les mêmes caractéristiques, à mi-chemin entre humain et divin. L’Iliade, cette « épopée lumineuse », comme l’a qualifiée Yves Touchefeu, se situe en effet en permanence entre une guerre réelle et une paix fantasmée, entre l’univers des hommes et celui des femmes, entre les immortels et les mortels, entre les vainqueurs et les vaincus, entre l’oral et l’écrit ainsi que la traduction en hexamètres de Philippe Brunet a su le rendre, et comme le montrent les illustrations de Jean Percet qu’elle a su inspirer.